Comment mieux dessiner d’après observation ?

portrait sans lever le crayon

« Comment bien dessiner » renvoie à « comment bien regarder »

Cela paraît simple de regarder, mais sait-on vraiment bien regarder le sujet que l’on dessine ? Les erreurs courantes en dessin d’observation sont liées à un défaut… d’observation. La bonne nouvelle, est qu’il peut être corrigé !

Quand nous regardons un sujet, notre cerveau est parasité par des messages ou des automatismes :

  • Les messages du subconscient…

    …qui nous disent que l’on n’est pas capable, qu’on n’est pas un/une artiste, que ce que l’on est en train de dessiner n’est pas assez bien… Ces messages viennent brouiller l’acte de vraiment observer. Pour faire taire cette voix intérieure, il faut déjà en prendre conscience (ne pas la considérer vraie) et l’écarter gentiment mais fermement à chaque fois : « merci mais je n’ai pas besoin de toi ». Et se reconcentrer sur ce que l’on vit/fait/observe.

  • Les automatismes du cerveau :

    Le cerveau emmagasine tout un stock d’images simplifiées des objets / sujets que nous voyons depuis notre petite enfance. Si par exemple, je vous dit « maison », le dessin symbolique de la maison sera à peu près le suivant :

Le fait de « nommer » le sujet que nous dessinons, active cet automatisme. Ainsi, lorsque je dessine un visage, et que je nomme par la pensée ce que je dessine, j’ai tendance à dessiner ce qui se rapproche du symbole « visage », plutôt que le visage en face de moi avec toutes ses spécificités. Par automatisme, je vais penser : « le nez, c’est comme ça », « les yeux c’est comme ça », « la bouche… ».

Dans les images symboles, tout est simplifié, donc souvent symétrique et droit. Si le visage en face de moi est de trois quart, j’aurai tendance à le dessiner de face (ou partiellement), s’il est penché, j’aurai tendance à le redresser.

Voici deux conseils pour vous débarrasser des automatismes qui vous empêchent de dessiner ce que vous voyez :

1) Voir les formes en tant que formes abstraites :

Des lignes, des courbes qui montent, qui descendent, des obliques, des diagonales, des espaces vides de différentes formes qui ne renvoient à rien de nommable. On commence par une forme puis on évalue sa proportion et son espacement par rapport à la forme la plus proche, etc. On avance ainsi dans les méandres de cette abstraction et un ensemble cohérent va alors émerger. Ainsi, si je reprends l’exemple plus haut, plutôt que de dessiner le « nez » d’un visage, vous dessinerez des lignes, des tâches, des espacements entre des lignes et les formes… qui constituent ce nez-là.  Si vous avez du mal à voir les formes abstraites des sujets, entraînez-vous à dessiner d’après photo en mettant la photo à l’envers. Cela trompe le cerveau et facilite la vision « abstraite » des éléments.

2) Etre en empathie avec votre sujet :

    • S’obliger à regarder plus son sujet que son dessin : est-ce parce que notre cerveau nous oblige à restituer son image simplifiée ? Nous avons tendance à regarder plus notre feuille de dessin que notre sujet. Or, pour bien se relier au sujet que l’on observe, c’est l’inverse qu’il faut faire ! Un exercice que je donne : dessiner un sujet sans regarder sa feuille. C’est extrême mais très efficace pour s’habituer à bien regarder son sujet. Cela a également l’intérêt de fluidifier le trait : comme on ne regarde pas sa feuille, on ne lève pas le crayon, ce qui donnent des dessins aux contours purs tout à fait intéressants.
    • Faire comme si vous étiez un extra terrestre qui n’a jamais vu ce qu’il voit et doit le restituer fidèlement à ses copains (extra terrestres) par le dessin. Comme vous n’aurez jamais rien vu de tel, vous serez obligé d’observer profondément votre sujet. Vous serez à 100% dans l’observation, plus de pensée parasite, tout ce qui compte est de restituer fidèlement ce que vous découvrez pour la première fois…
Natture morte au graphite

Nature Morte au crayon graphite.

Si l’on focalise sur les formes nommables (crâne, flacon…) on aura plus de mal à les dessiner tels qu’on les voit.

Détail de la nature morte

Détail de la nature Morte ci-contre.

En se focalisant sur les formes abstraites qui composent cette nature morte, le dessin sera plus juste.

Détail de la nature Morte ci-dessus, à l’envers.

A l’envers, les formes nous paraissent davantage abstraites et encore plus faciles à dessiner.

Bien entendu, cela demande un peu d’entraînement pour acquérir ces réflexes, déjouer ces automatismes et cette petite voix qui nous empêchent de voir vraiment le sujet que l’on dessine. Un petit carnet et hop, on s’entraîne à dessiner les objets du quotidien en testant ces conseils !

Si vous souhaitez vous entraîner dans les ateliers Bulle Créative, il existe des cours  de Dessin Multitechniques qui vous permettront d’aiguiser votre sens de l’observation, en expérimentant différents médiums (graphite, fusain, encres, brou de noix, peinture…). Vous pouvez aussi opter pour des cours particuliers sous forme de forfait 10H.