L’intention avant de peindre

Quelles sont mes intentions lorsque je peins un sujet ?

Pourquoi ai-je envie de peindre ce portrait, ce paysage, cette nature morte… ? Qu’est ce qui m’attire ? Qu’est ce que je veux en dire ? Qu’est-ce que je peux apporter avec ma sensibilité ? A supposer que techniquement je sois capable de représenter de manière très réaliste un sujet, qu’est-ce que je peux apporter de mieux qu’un appareil photo ?

Peindre d’après le réel, c’est choisir ce que l’on veut dire avec le coeur

Car beaucoup de personnes sont impressionnées par le résultat très réaliste de certaines peintures. Mais au-delà de la prouesse technique, où est l’apport sensible de l’artiste ?  Qu’est ce qui, dans le sujet qu’il souhaite représenter, a touché son cœur et, par ricochet, celui du spectateur ? Est-ce la lumière ? Le graphisme ? Les contrastes ? L’harmonie colorée ? Etc… Face à un sujet à peindre, on peut être attiré juste par une atmosphère, un ressenti. Il s’agira alors de porter son attention sur ce ressenti tout au long de la peinture quitte à mettre de côté le reste. Car vouloir tout dire, c’est ne rien dire, surtout si l’on peint d’après photo (encore moins quand elle vient d’un autre). Le peintre ou dessinateur « du réel » doit faire des choix dans ce qu’il veut représenter.

La technique est un moyen, pas une finalité

Il ne s’agit pas de philosopher mais d’aller un cran au-dessus de la technique, d’écouter son cœur, de se questionner sur ses motivations profondes à peindre un sujet. S’il me parle, qu’est-ce que je veux en montrer ? C’est mon regard singulier qui est important.

Dans les ateliers Bulle Créative, j’attache de l’importance à la technique car elle nous apporte une certaine liberté dans la création. Mais elle n’est jamais une finalité. Elle ouvre des portes, à condition d’écouter ce qui nous anime, ce qui nous fait vibrer. Car c’est uniquement ce qui nous fait vibrer qui fera vibrer d’autres personnes. En revanche, une œuvre entreprise dans la froideur technique uniquement, ne fera vibrer personne. On dira « oh c’est bien fait » avant d’en détourner le regard.

Juxtaposer ce qui nous inspire dans notre travail

Il y a aussi l’intention du joli, du décoratif. « Je peins pour décorer chez moi ou chez les autres ». Pourquoi pas, ponctuellement porter l’intention sur le résultat « déco » d’une peinture. Mais je pense qu’il faut à terme dépasser cela et aller chercher ce qui en nous a besoin de s’exprimer. Alors plutôt que de recopier ce que font certains artistes à des fins décoratives, pourquoi ne pas plutôt se demander ce qui nous plaît chez eux et comment le juxtaposer dans son propre travail ? N’est-il pas plus intéressant de laisser à ses proches une peinture qui vient de soi plutôt qu’une pâle copie d’un artiste ? Ça demande plus d’investissement personnel, ça fait surgir des craintes… mais quand on franchit le pas, ô que c’est libérateur ! On existe plus pleinement.